L'école non mixte est-elle moderne?

Je travaille pour mon mémoire de licence sur la question de la non mixité à l'école. Les écoles non mixtes sont rares et apparaissent comme dépassées. Ne serait-il pas interressant de réfléchir à cette question ?

dimanche 25 janvier 2009

L’égalité de l’accès à l’enseignement passe-t-il par la mixité ?

L’égalité de l’accès à l’enseignement passe-t-il par la mixité ?


C’est au début des années 1980 que l’Education Nationale a vraiment pris conscience de la nécessité de travailler à promouvoir l’égalité entre les sexes et du rôle essentiel donné à l’école dans cette mission. Des campagnes nationales avaient alors pour thème central l’orientation des filles. C’est en 1989 que voit le jour la loi d’orientation sur l’éducation qui rappelle que l’école « contribue à favoriser l’égalité entre les hommes et les femmes[1] ». Une seconde convention suivra, en déterminant la diversification des choix professionnels des jeunes filles. Cette convention fait état du fait que : « le pays manque d’ingénieurs et de techniciens[2] ». la conquête de l’égalité des droits entre les femmes et les hommes a donc marqué profondément les dernières décennies. Ces nouvelles orientations marquent une rupture aux siècles précédents.
Au XVIIIème siècle, l’on considérait encore que les femmes devaient être éduquées et non pas instruites. Rousseau, pourtant très critique vis-à-vis de l’absolutisme royal, écrit dans l’Emile que les savoirs pratiques suffisent aux femmes dont la seule fonction est de servir les hommes.
L’école laïque et obligatoire pour tous, instaurée par Jules Ferry en 1881, a ouvert la porte des écoles à toutes les filles. L’école n’était jusque là réservée qu’à une catégorie privilégiée de jeunes filles. Mais Jules Ferry était plus proccupé par la justice sociale que par l’égalité des sexes. Il considérait néanmoins que les femmes devaient être tout autant instruites que les hommes.
Les filles ne reçoivent toutefois pas la même éducation dans leurs écoles que les garçons. A l’école primaire, les filles s’initient encore aux travaux d’aiguilles, alors que les garçons apprennent le système légal des poids et des mesures. Au lycée, les filles sont encore privées de baccalauréat tout comme de l’enseignement de la philosophie. Les jeunes filles sont alors considérées comme étant de nature peu raisonneuse. Peu d’entre elles de toute façon accédaient à la classe de Terminale. L’idée est d’avoir pour les filles une scolarité courte, un enseignement allégé consistant à des travaux d’aiguilles, à la musique et à un peu de littérature. Elle permet en fait aux femmes d’accéder à un début d’émancipation. Le baccalauréat unique ne sera décrété qu’en 1924 et ouvrira alors aux filles la porte des universités.
La société ne conçoit pas que la jeune fille n’ait d’autre finalité que le modèle traditionnel de la femme. Les collèges et lycées de jeunes filles n’ont alors pour vocation que d’en faire de bonnes épouses et de bonnes mères sachant instruire leurs enfants et gérer correctement leur quotidien à la maison. Elles ne sont donc pas destinées aux mêmes rôles et fonctions sociales que leur mari. Tout au long du XXème siècle, l’accès des femmes aux grandes écoles reste d’ailleurs très limité.
La scolarité obligatoire puis prolongée des filles a peu à peu, tout au long du siècle, amené les jeunes filles à une égalité des savoirs.
Aujourd’hui nous pouvons considérer que l’accès à l’enseignement est garanti et égalitaire.
La libéralisation des mœurs personnelles et familiales à partir des années 1960 tout comme l’émancipation des femmes, fait évoluer la position des femmes et leur accès à l’éducation. Certes, l’école est obligatoire pour tous mais dans une société en pleine croissance, les parents veulent assurer socialement la promotion de leurs enfants quels que soient leurs sexes. Nous sommes alors dans une ère de liberté et d’égalité. La mixité dans l’enseignement semble alors être une meilleure préparation à la vie moderne, un homme et une femme ont les mêmes droits et obligations. Cette mixité se développe ainsi à l’époque de la libéralisation de la contraception, de la réforme des régimes matrimoniaux et du partage de l’autorité parentale.

Force est de constater que la mixité a accompagné l’égalité de l’accès à l’enseignement qui est plus le fruit d’une évolution sociétale.
[1] Loi Jospin N° 896486 du 10 Juillet 1989
[2] Le 14 septembre 1989 entre le Secrétariat d’Etat chargé des Droits des femmes et le Secrétariat d’Etat chargé de L’Enseignement technique

4 commentaires:

  1. Bonjour, vous avez abordé un sujet assez complexe. Vos questions par rapport à la mixité de l'école valent d'être posées surtout celle de savoir si la non mixité de l'école ne peut-elle donner une solution aux problèmes de l'école moderne aujourd'hui. Moi personnellement, j'ai eu la chance de faire mon cursus scolaire dans les deux milieux c'est-à-dire l'école mixte et celle non mixte. Mon expérience a montré qu'une école non mixte féminine est plus facile à gérer du côté de la discipline, entre elles les jeunes filles sont plus respectueuses vis-à-vis des professeurs. En résumé dans les écoles non mixtes,féminines, les vices tels que la délinquence, l'alcool et ses dérivés, l'indiscipline en milieu scolaire sont réduits. La deuxième chose que j'ai retenue de cette école est que entre fille la concurrence est forte. Chacun s'efforce à être au niveau de l'autre. On se dit qu'on est égale et si l'autre arrive à atteindre un seuil il faut qu'on arrive à l'égaler où la dépasser. Tandis dans une école mixte, le comportement des hommes influence les femmes que ce soit du côté discipline ou travail. La société nous à inculqué naturellement que l'homme est supérieur à la femme. Du fait, en classe si un homme dépasse une femme dans les résultats, on considère que c'est normal. Par ailleurs, certaines filles en milieu scolaire suivent aveuglement le mouvement des hommes et se laissent induire dans l'erreur. Voilà ce que j'ai à partager avec vous pour l'instant. Blanche C.

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  2. Merci pour ton message. je suis d'accord quand tu dis qu'on l'on a moins de soucis de discipline dans une école de filles mais je ne suis pas sûr que ce soit le cas dans une école de garçons. Il y a sûrement une différence entre les écoles non mixte de garçons et celles de filles.
    En ce qui concerne la concurrence je ne sais pas si elle est plus forte dans une école de filles. J'y travaille et je ne le perçois pas. Peux tu m'en parler d'après ton expérience. Merci

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  3. Un article sur un blog :

    http://www.martinebillard-blog.org/index.php?2008/05/23/188-remise-en-cause-de-la-mixite-a-l-ecole

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